Le «combat» entre ceux qui sont pour et contre la charte des
valeurs prend en effet une allure très «ostentatoire». La charte, que nous
devrions appeler de la laïcité, tient sur 2 principes majeurs: la laïcité
totale de l’État dans ses pratiques et ses apparences et les accommodements
justifiés et sécuritaires accordés aux personnes qui ont des besoins
particuliers dans la société (les besoins religieux en sont les plus
pamphlétaires).
Pour le deuxième principe de la Charte, l’ensemble de la
société et des partis politiques semblent être d’accord pour aménager des
exceptions, à des prix raisonnables. Quand même.
Pour le premier principe, l’ensemble de la société et des
partis est encore une fois d’accord sur le fait que l’État doit être neutre
dans ses pratiques. Cependant, un tollé se lève de certains groupes ou partis
politiques quand il s’agit de l’apparence. Ici, c’est davantage l’émotivité ou
l’intérêt politique qui l’emporte à mon avis. Or, l’État ne peut être émotif,
même si l’humanisme est sa raison d’être dans une société démocratique comme la
nôtre. Quant à l’intérêt politique, il est inclus dans la proposition du
gouvernement.
Le kippa, le voile, le turban, la croix, le croissant, la croix
de David, etc. sont des signes politico-religieux. La personne qui porte sur
elle un signe politique ou religieux s’identifie nécessairement à la non-neutralité,
c’est-à-dire à une idéologie ou à un dogme. Dans la rue, ces signes colorent l’image
de notre pluralisme ethnique au Québec. Par contre, dans notre société démocratique,
l’État se doit d'être laïc, neutre dans tous les sens, dans ses pratiques et
son apparence. Alors, logiquement, la première condition soutient la deuxième:
l’apparence est pratique et la pratique est apparente. Aussi, si un des deux
éléments manque, l’ensemble de la proposition tombe.
L’État doit être laïc là où il est représenté: ceux qui sont
payés, salariés ou non, par le gouvernement dans les secteurs publics et
parapublics, au nom de l'égalité, la justice et le respect du citoyen.
Fragmenter la proposition du gouvernement en des pratiques asymétriques
pour accommoder tel ou tel groupe, c’est donner la primauté au deuxième
principe de la charte des valeurs, l’accommodement dit raisonnable. En somme, c’est
se moquer de la laïcité et des institutions publiques. La laïcité de l’État n’est
pas exigée uniquement dans la pratique, mais également dans l’apparence; or
s’il y a apparence de conflit, alors il y a conflit.
Sur le plan politique, le gouvernement Marois ne devrait pas
faire de ce projet un enjeu électoral. Car, s’il perd les prochaines élections ou,
s’il est encore minoritaire alors on perd tout. Le gouvernement actuel, ou le
prochain, devrait plutôt organiser, comme le proposait Mme Mourani, un référendum
qui contiendrait deux propositions sur le port des signes politico-religieux
dans les institutions publiques et parapubliques, peu importe sa taille.
Roland Farès
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